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(...)

 

LE MARÉCHAL MORTIER AU MAJOR GÉNÉRAL


Au quartier général à Langres, le 16 janvier 1814


........ Monseigneur,

.... L'ennemi que j'ai devant moi s'est renforcé, il n'a tenté
rien de sérieux dans la journée, l'attaque de Longeau n'a

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point eu de suite. Une nouvelle colonne de 13,000 hommes
que l'on croit venir d'Epinal est en marche et tout porte à
croire qu'elle se dirige sur Chaumont. Dammartin est
occupé, et l'ennemi était attendu ce matin à Montigny-le-
Roi. Je me trouve débordé ; les grenadiers de la garde
restés à Rollanpont ont ordre de partir demain à 4 heu-
res du matin pour Chaumont (où je compte coucher de-
main soir) et occuper La Ville-au-Bois qui couvre les
routes de Bourbonne et de Montigny.
.... L'évacuation totale de Langres entraînerait des inconvé-
nients graves. J'ai donc pris le parti d'y laisser le colonel
Simon commandant de la place. J'ai choisi dans les 2e ré -
giments de chasseurs, et de grenadiers à pied 50 hommes
des plus fatigués, officiers et sous-officiers compris, tant
pour rassurer les habitants que pour former un noyau de
défense ; déjà 400 gardes nationaux s'y sont joints ainsi
que 25 hommes du 153e régiment qui ont accompagné ici
les poudres envoyées de Dijon. L'on réunira à ces troupes
tous les hommes en état de porter les armes.
.... J'ai parlé au sous-préfet, au maire et au commandant de
la garde nationale ; ils m'ont promis de faire leur devoir et
de se défendre. Ils savent par expérience tout ce que souf-
frent les malheureux habitants envahis par l'ennemi , des
proclamations insidieuses et perfides leur promettaient
sûreté et protection, mais à peine maîtres de leurs com-
munes, les coalisés, et notamment les Bavarois, leur font
éprouver des vexations révoltantes ; il est bien fâcheux
Monseigneur, que l'on ait désarmé les campagnes il y a 5
ou 6 ans, nous aurions aujourd'hui des milliers de braves
gens qui se vengeraient du joug affreux que l'ennemi fait
peser sur eux ; la ville de Langres seule a dû rendre dans
le temps 8,000 fusils. Je ne saurais trop me louer du bon
esprit qui anime les habitants des campagnes. Ils sont
exaspérés, mais sans défense ; si l'ennemi éprouve des
revers, ce qui arrivera un jour, j'espère, nous aurons der-
rière lui de nombreux vengeurs.
.... L'on estime à 52,000 hommes les forces que j'ai devant
moi, ce nombre peut être exagéré, mais il est de fait que
depuis 4 jours des renforts arrivent successivement par
Chalindrey, au Pailly, à Chaudenay, Mollandon, Celsoy et
tous les villages aux environs sont égallement occupés.
.... L'attaque vigoureuse qui a eu lieu dans la nuit du 12 au
13, à Châtenay-Vaudin, et le combat de Longeau, ont
rendu l'ennemi circonspect.
.... D'après tous les rapports qui me sont parvenus, ces
deux affaires lui ont coûté plus de 600 hommes ; l'on a
encore enterré hier et ce matin 44 cadavres trouvés aux
environs de Longeau, ils étaient pour la plupart Bavarois ;
l'ennemi a de plus conduit 30 voitures de blessés à Fayl-le-
Billot.

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.... Si l'ennemi fait des progrès du côté de Nancy, je me re-
tirerai sur Troyes. Je n'ai aucune nouvelle du prince de la
Moscowa.
... J'ai l'honneur, etc.

(...)

 


PIEPAPE (DE), Léonce, Histoire militaire du pays de Langres et du Bassigny, 1884 ; Editions de Saint-Seine-l'Abbaye, 1984, p. 395 à 397.


 

© jchr 4 juin 2005 / MAJ 11 février 2009

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